Les personnages d'Edward Albee dégagent une intelligence qui s'extériorise autant dans le langage que dans la puissance de sa critique sociale.
Martha et son mari George, professeur d’histoire dans un campus américain, convient un jeune couple fraîchement débarqué à boire un dernier verre dans leur charmant pavillon bourgeois. D’apparence respectable, le couple dissimule en fait un tempérament de fauves féroces aussi cruels qu’articulés, et règlent leurs pugilats amoureux à grands coups de répliques cyniques en prenant en otage quiconque a la naïveté d’accepter leur invitation. Mensonges, regrets et non-dits couvent comme le feu sous la cendre et n’attendent qu’une étincelle extérieure pour se raviver dans un brasier dévastateur qui consume tout sur son passage avec une jubilation aussi destructrice qu’assumée. Père idéalisé, carrière ratée, alcool abusif et fils prodigue se mêlent à ce cocktail d’humour noir qui fait de Qui a peur de Virginia Woolf? l’une des pièces les plus connues du dramaturge anglophone Edward Albee, auréolé par trois prix Pulitzer. C’est Julien Schmutz et le Magnifique Théâtre qui en signent ici une adaptation savoureuse, poursuivant ainsi leur recherche sur une « société de cow-boys » qui combine solitude extrême, égocentrisme et artificialité.