Hugues De Wurstemberger

Dès le 1er mars

"À mon départ de Fribourg en 1979, j’avais le sentiment de quitter définitivement la Suisse, j’emportais quelques images de ma mère, de paysages que j’aimais. La mère et la terre. Ces images, peu à peu, obscurément, me sont devenues comme vitales et puis il y en a eu d’autres. Le carnet de notes a croqué du temps pour devenir, d’esquisses en album, cette chronique lacunaire des miens, Brigitte ma femme, Pauline et Pierre nos deux enfants. L’histoire qui va de l’un à l’autre, de la mer à la montagne, de ma vieille mère à ses petits-enfants, du souvenir au chaos de la vie. Là-bas le sable se déplace, ici la neige fond, ici et là la trace est furtive.

Pauline et Pierre s’est formé comme un pli dans le sable, s’est écrit dans l’eau du temps et va, à la manière de Blaise Cendrars, « Du monde entier au coeur du monde », ce journal recueille mes pensées, de temps en temps.

Mon travail carré, concentré a deux faces pour une tête ovale. Il mesure le vert des Préalpes fribourgeoises aux ocres calcinés de la Hamada. Sur l’autre face de ma lune j’ai un jardin, au milieu un arbre que je regarde grandir, mes enfants. J’ai besoin de mes souvenirs, je travaille avec ça. Aujourd’hui, c’est un livre d’images qui se perd dans le paysage, la forêt, revoit Hansel et Gretel, contemple et associe des images passées en suite de petits cailloux blancs.

Je pourrais peut-être résumer ce projet à une marche au hasard du temps, au travers de lieux où nous avons vécu et sommes passés sans laisser d’autres traces que nos ombres au sol, des pages où l’on recueille ses propres pensées, après cela devient un voyage intérieur.